French translations by michel eckhard
Jour
Nous nous sommes tournés vers la fenêtre
Le lit à notre dos
Nous respirons au même rythme.
Te souviens-tu ?
Au l’aube nous sommes allés à la plage en vélo
Le panneau «Chevaux interdits » nous a réjouis.
Certains violent l’interdit.
Il y avait une couche de rosée sur la mer.
Tu m’as embrassée.
Nous sommes revenus affamés.
L’électricité pressait les artères du mur,
Et pourtant nous avons mangé lentement.
Nos mots étaient saturés.
Comme si j’étais une femme de la Renaissance dont tu étais le portraitiste
Mais qui avait décidé ce matin-là de ne pas peindre.
2.
Puis nous avons amené le thé de la maison
Sur le banc du jardin.
L’amour se révélait comme un don secret,
Pour décider de ne pas tout dire.
Le soir est tombé.
La paupière est un ventre fertile
Dont on entend battre les souhaits.
Mon secret était visible pour toi.
Je ne sais pas faire attention.
3.
Quand au fil des années
Nos défauts nous ont-ils rattrapés ?
Peut-être ont-ils toujours été là,
Patients comme un peuple spolié.
Quoi qu’il en soit, la nuit vient d’un coup.
Nous nous sommes tournés vers la fenêtre,
Le dos au lit.
Je ne demande pas
Si tu la fais rire aussi
Ou si dormant avec toi dans la voiture
Elle recherche simplement ta proximité.
Parfois nul besoin de voir dans l’obscurité
Il faut voir l’obscurité en face.
*
Grues
Elle se promène avec son mari dans la réserve naturelle.
Les enfants courent devant.
Elle regarde les grues.
Elle dit :
quand je serai oiseau je mourrai en plein vol.
Il répond en riant.
Elle ne sait pas qu’il a une autre femme.
Il lui semble que c’est sa manière de dire – ma belle, de belles paroles,
tu ne mourras jamais.
Quand cela viendra, elle ne mourra pas. Pas tout de suite.
De honte elle se videra du bonheur brusquement après une crise comme un réflexe de vomissement,
où s’est-il baigné après l’acte, dans quelle ville se sont-ils rencontrés, pense-t-il à elle,
elle ne demandera pas, c’est justement pour cela, qu’elle dépend de la réponse.
Elle pleurera rarement.
Elle courra des kilomètres, ne boira que des jus de fruits, des choses compliquées.
Tellement confuse qu’elle ne souviendra pas de ce qu’elle ne peut pas.
Les jours passeront.
Rien ne sert de mentir,
elle restera méfiante.
courtoise par rapport au présent.
Son mari ne s’efforcera pas de la ramener,
peut-être par un excès de frayeur.
Elle traversera un couloir,
le regardera s’éloigner d’elle.
Sa bouche dansera autour du silence.
Quand on lui demandera comment elle va elle dira :
je suis une personne heureuse dans une période triste.
Ou :
ce que l’amour a à m’apprendre
il me l’apprend sans amour.
Elle formulera de tels propos.
Un jour, sans un mot, elle se lèvera et sortira de la maison,
il sera urgent pour elle de voir des oiseaux fendre l’air.
Elle traversa la moitié de la réserve sans rien trouver.
Aucune grue pour lui dire : pas de grue, il n’y en aura pas cette année.
Qu’est-ce que cela veut dire, elle s’énervera,
mais le chemin était long,
Il n’y a pas de grues, madame, que voulez-vous exactement,
mais la route et la circulation la fatigue et la tension,
années après années,
Appelez le responsable, appelez, s’il vous plait, quelqu’un,
il n’y a aucune grue ici,
seulement des tourbières vides,
sa voix s’étrangle,
elle va remonter dans la voiture.
Au lieu de pousser un cri,
comment peut-elle brûler le sol,
le sol sec et inflammable,
elle n’est pas prête à blesser qui que ce soit
elle ne pense pas en avoir le droit,
et à la fin quand il s’avère qu’elle est morte, elle c’est moi, lentement,
rien ne sert de mentir.
*
Pus
Je sors (je prends les clés)
Je reviendrai plus tard (je me hâte de m’éloigner de la porte)
Tu n’as rien à craindre (l’écart entre moi et la vérité, une petite fente soulève de l’humidité)
Va dormir (il m’écrit un message en chemin)
J’espère que tu t’endormiras (il s’arrête à quelques pas de moi)
Ne m’attends pas (je souhaite qu’il me touche délicatement, je ne tente rien d’autre)
J’essaie seulement de réparer (la langue entre et sort comme une aiguille qui coud les mots)
Tu n’as rien à craindre (il me regarde)
Je reviendrai plus tard (il rejette la tête en arrière)
Essaie de de t’endormir (un soupir mince, surprenant, comme celui d’un pigeon qui respire)
Ne t’inquiète pas pour moi (de savoir que j’ai le dessus sur lui)
Ne m’attends pas (les lèvres, l’intérieur, le doigt qui trempe dans le miel, être à nouveau celle qui est choisie)
Je ne sais pas quand je reviendrai (ce que j’ai gardé des années pour toi est resté en moi intact, et à présent il est dédié à un autre aussi digne que toi)
Que puis-je dire (l’haleine de sa bouche)
C’est toi qui as commencé (les doigts, les doigts)
Je reviendrai plus tard (je ne peux plus supporter tant de générosité)
Je reviendrai le matin (je ne veux pas que cela finisse)
Essaie de t’endormir (la chemise s’en va, les pantalons , les sous-vêtements, le soutien-gorge , la peau qui frappe la respiration)
As-tu réussi à dormir ? (je caresse ton visage qui s’ouvre vers moi électrifié, je n’aurai pas d’autre limite qui finit dans ton corps)
Je suis désolée (faute d’en comprendre le sens, ce que tu me donnes devient un compromis)
C’est pour notre bien (menu soupir, surprenant, comme celui d’un pigeon qui respire)
Ne m’attends pas (ce n’est pas ton amoureuse qui est revenue vers toi, seulement ta femme)
Que veux-tu de moi ? (je marche à tes côtés à l’intérieur de mon corps connu)
C’est toi qui as commencé (rien ne retourne en arrière. Ni la jeune femme avec qui tu m’as trahie, ni l’homme que j’ai pris pour me venger, puis à ma surprise: comme je suis belle aux yeux d’un inconnu)
Je reviendrai plus tard (mon désir de lui coule de moi comme du pus)
Va dormir (un menu soupir, surprenant)
Ne t’inquiète pas pour moi (tu souhaites entendre)
J’essaie seulement de réparer (je prends plaisir de dire)
C’est toi qui as commencé (en murmurant tu te fâches contre moi)
C’est pour notre bien (je lis les poèmes d’amour que je t’ai écrits autrefois, jalouse de la femme qui était)
Que puis-je dire (des poèmes d’amour naïfs. Deux embryons flottant dans les eaux du bonheur)
Je reviendrai plus tard (tu me laisses m’éloigner, je te juge sur tes qualités)
Que veux-tu de moi ? (je me lève trop tôt, je n’arrive pas à dormir)
J’essaie juste de réparer (je baigne dans la sympathie d’ amis réjouis par mes malheurs)
Ne m’attends pas (j’appartiens à tous ceux qui ont le cœur brisé comme moi)
Nous nous verrons déjà demain (je caresse tes cheveux, pour te consoler de ce que je n’ai pas encore fait).
Tu n’as rien à craindre (tu n’as pas le choix)
Je reviendrai le matin (j’arrête d’offrir le miroir déformé de la volonté)
Je suis désolée (l’amour-propre s’affranchit de ton désamour)
Que veux-tu de moi ? (les points d’interrogation s’enroulent autour du cou)
C’est toi qui a commencé (une séparation secrète sans que les parents le sachent, ni les enfants, sans que je le sache et ne le regrette)
Je sors (ma souffrance n’est pas exceptionnelle mais ma bravoure n’est pas superflue)
Je suis désolée (je peux le gérer)
Ne m’attends pas (pour tenir la perche du corps)
Je reviendrai le matin (et pour sauter par-dessus le corps)
Je sors (je prends les clés)
Je ne sais pas quand je reviendrai.
spanish translations by violeta fiorino schwartz
Llamo para contarle a un amigo que mi madre
se está muriendo
Tres veces me mudé de apartamento en tres años, aun así
para mi
es preferible a comprar. No está claro cuánto aguantará
este país.
Los niños, el trabajo, no alcanza el tiempo,
en fin,
Solo llamaba para
escuchar tu voz.
Cosas terribles pasan
en el mundo,
¿Cómo estás?
*
Grullas
Camina con su marido por la Reserva de Hula.
Los niños se han adelantado.
Ella observa a las grullas
Dice: cuando sea pájaro moriré a mitad de vuelo.
El responde con una risa
Ella no sabe que hay otra mujer
Le parece que es su manera de decir— querida mía, preciosa, te aconsejaría no
morir jamas.
Cuando llega ella no morirá. No en un principio.
La vergüenza drenara su felicidad, convulsión tras convulsión, como un reflejo nauseabundo, donde se baño después del acto, en que ciudad se encontraron, pensara en ella, no preguntara, pero precisamente por ello no será recompensada con la respuesta.
Rara vez llorara.
Correrá kilómetros, beberá sólo zumos, asuntos complicados.
Estará tan confundida que hasta se olvidara de lo que no puede.
Pasaran los días.
No vale la pena mentir.
ella seguirá sospechosa.
Cordial de cara al presente.
Su marido no intentara hacerla volver.
quizás paniquea el marido.
Ella va por el pasillo
y lo observará evitandola.
Ella hará bailar su boca alrededor del silencio.
Cuando le preguntan como esta ella responderá:
Soy una persona contenta en un momento triste.
O:
Lo que el amor me enseña me lo enseña sin amor.
Usará este tipo de expresiones.
Un día, sin más explicaciones se levantara y se irá de la casa,
le urgirá ver bandadas de pájaros cortando el aire.
Cruzará la mitad de la reserva pero nada encontrará.
No hay grullas le dicen. No las hay y no las habrá este año.
A que se refiere, se enfadara,
pero el camino hasta aquí fue largo
no hay grullas señora, que quiere de mí,
pero el viaje, y el tráfico, y el agotamiento y la tensión
años y más años,
llame al encargado
llame a alguien por favor,
y no hay, no hay grullas
Solo barro vacío,
y su voz se apagará
y ella volverá al coche
en lugar de dar un grito
como querría quemar la tierra
la tierra seca e inflamable,
a nadie está dispuesta a herir
no cree que tiene derecho,
y al final, resulta que ella murió; ella, es decir, yo; si, lentamente, pero
al final, no vale la pena mentir.
czech translations by by Kristýna Adámková
Balila jste to sama? (Did You Pack It Yourself?)
Ze všech otázek,
které lze klást: Balila jste to sama?
Ano, sama.
A bylo to těžké, dodávám,
mnohem těžší je však strach, že to nikdy nepřijde.
Nejsem totiž krásná
a srdce je velké jako pěst.
*
Můj milý (My Beloved)
Mé dny byly plné sluncí.
Mé dny byly plné lásky.
Až stane u dveří, otevřít mu půjdu
a sama se stanu vlhkou úrodnou půdou.
Balkón mého těla je rozmarýn
a on – trsy hroznů.
Někdy za noci dříve než usne,
slyším hrozen rozkvétat.
Hle, přichází k bráně,
odkládá pancíř, svůj šat,
posetý střepinami z podlahy našeho domu.
Políbí mě a dovolí mi
vložit má žebra
mezi žebra jeho
a vrátit se k němu.
Sedíme, on poeticky popisuje naše těla,
jeho přátelé na doslech.
Poslouchají a jsou jakoby uštknuti
představou citrónové chuti.
Poté mi na rozloučenou mává.
Pohybem své ruky zdáli hladí
všechny orgány v mém těle.
Líbá mi ruku,
prsty napnu jako řasy.
Je mužem, co etrog svírá,
k ústům jej zvedá, chce si přivonět.
Můj milý našel ženu,
hledal a nalezl ji v sobě samém.
Je překrásná. Krásnější než já.
Můj milý nastaví prostěradlo
jako by držel formu pro mé tělo.
Kdybych to chtěla vysvětlit,
musela bych se otočit zády.
(I kdybych o něm psala sedm let,
těch sedm hladových by nikdy nepřišlo.)
Můj milovaný, přede mnou rozprostřený,
jeho hlava polštářem rámovaná.
Kdybych na to měla peníze, najala bych si
dvacet dívek, ať mi závidí.
*
Vzkaz (Note)
Můj milý se probouzí
pod mým horkým tělem.
Maso se mísí s mlékem.
*
Jsem Izák, ale obráceně (I am Isaac in Reverse)
Jsem Izák, ale obráceně.
Nejprve poznám tvůj hlas a teprve pak
oslepnu,
jednou je to chyba, jednou požehnání.
Couvnu-li ještě krůček, jsem Abrahám
a je mi jedno, kdo nás spasí,
bůh, nebo beránek,
jen když vystoupáme společně.
A ještě o něco dřív, tvé tělo se točí
v mém okrouhlém břiše jak jablíčko.
A ten strom, co stojí, a had, co
leží,
jsou dva panty, které nezměří ty z nás,
kdo se do zahrady vkrádají.
A možná právě tady láska ustane.
O krok zpět, pustá a prázdná je,
o krok vpřed,
pusto a prázdno nastane.
*
Chlapče, to je kus rašeliny zpod bažiny (Boy there is Peat Under the Swamp)
Chlapče, to je kus rašeliny zpod bažiny, kterou vysušili před naším příchodem; brzy z ní bude bažina ohně. Teď běž ven,1 ta tečka na zemi, kterou vidíš z okna, jsem já, choulím se do sebe, abych ve světě udělala prostor tvým toulkám.
Anebo víš co, nikam nechoď,2 vypolstrujeme zdi dalšími knihami. Ne abychom se zachránili, ale abychom byli těžší, utoneme, hlubina nás utěší. Společně v objetí. Slovo matka vůkol tebe má svůj počátek od počátku jako linie vnitřního času, svátek za svátkem.
1. Neplač s Ezauem, když zjistil, že jej otec po hmatu nepoznal, nepohladil po vlasech.
Neplač s Jákobem, když mu přivedli Ráchel a před ním ležela všechna ta léta, kdy ji bude muset zas a znova nahrazovat jinou unavenou ženou.
Neplač ani s Josefem, který si dříve než jeho ztracená rodina uvědomil hloubku cisterny, kam jej hodili, a že byl skutečně rozsápán, přesně jak řekli, rozsápán a sežrán, a není cesty zpět.
2. Neplač, jásej, s tím, co má hodnotu, se vším, co se navrací k životu: Ráchelin Jákob, Josefovi bratři, dokonce i Ezau, který políbil svého otce, protože miloval, i když milován nebyl. Obrať se k Bohu, můj synu, obrať se k nějakému bohu a budeš vykoupen, někde mezi „svými předky“ a „svými potomky“ a všemi těmi prostředníky, kteří nás zas a znova klamou.
*
Volám kamarádovi, že mi umírá máma (I Call to Tell a Friend My Mother is Dying)
Za poslední tři roky jsem se třikrát stěhovala – a pořád
si myslím, že je to lepší než něco kupovat. Kdo ví, jak dlouho tahle země ještě vydrží.
Děti, práce, na nic není dost času.
Volám jen tak, abych tě slyšela.
Ve světě se dějí strašný věci.
A jak se máš ty?
*
Kvásek (Yearning Crumbs)
Vrať se, vrať se, čekám v kuchyni. Jak tě napadlo mě naučit, že mouka je Tóra a hnětením se kvas v těstě uklidní jako stádo před porážkou, že obecné věci se heslem rukou otvírají osobnímu a že s vanilkou se nepodvádí.
Když jsi byla na živu, dokázala jsem na tebe zapomenout třeba i na několik dní, a teď jsou celé dny, kdy
to nedokážu.
Každý, kdo má matku, je mi podezřelý, i když to samozřejmě nepřiznám. Neutíkám se ke štěstí, ale zároveň nejevím známky smutku na žádném prázdném náměstí.
Pohybem ruky smeteš drobečky, narovnáš si brýle, abys měla obroučky rovně k uším, ne čočky k očím, a odpovíš mi tím tělem, o které už jsi přišla, a já skoro zapomněla, jaká je to bolest svírat v hrdle slova, která mezi námi kdysi stávala. A teď si klidně povídáme hodiny. Už žádná pravidla. Čtu ti, kdo vyhrál soutěž o nejlepší povídku, včetně hodnocení poroty. Hodnocení poroty bys nikdy v životě neposlouchala, ale to mi nevadí, dobře se bavíme, telefonu jsem vypla zvonění, takže si ani neuvědomuju, že nevoláš, a neděsí mě to. Povídám ti o životě, stejně jako svým přátelům, jediný rozdíl je, že já ho mám víc než ty. Ten mladší už umí číst, ten starší pořád věří, že odpověď bude ano. A domov je místo, kde součet všeho, co uděláme, převáží nad součtem všeho, co neuděláme; každé ráno se do něj probouzím, ty váhy mě jednou přivedou k šílenství a někdy zapomenu, že ty – ach, jsi tu a rozhlížíš se.